L’économie circulaire, une innovation ? …. laissez-moi sourire !
C’est extraordinaire de découvrir aujourd’hui, au XXIème siècle, que puiser des ressources et générer des déchets est une gabegie ; preuve que l’homme s’est brutalement et dangereusement coupé de son environnement. Peut-être est-il nécessaire de rappeler succinctement quelques notions évidentes et pas si lointaines.
Une dizaine d’années à œuvrer dans le secteur du patrimoine ; à réfléchir à son devenir et donc à sa transformation au service de fonctions contemporaines, m’a permis de mettre en perspective notre pratique actuelle de la construction.
On a tous fait l’expérience de la visite d’un ancien bâtiment sur lequel on peut lire les strates successives de l’histoire qui nous sont léguées aujourd’hui. . Les pierres (maçonnées à la chaux) ; les pièces de charpente (assemblées de manière réversible) et quelques éléments décoratifs ou fonctionnels (escaliers / cheminées…) ont toujours été réutilisés. Parfois même la démolition complète d'un bâtiment permettait d'en bâtir un autre : ici, l’image du pont de la Concorde, bâti avec des pierres de la Bastille… et c’était juste NORMAL, ÉVIDENT, DU BON SENS… !
Même l’avènement du béton aurait pu ne pas perturber ces pratiques de réutilisations raisonnées. C’est vraiment notre changement de MODÈLE ÉCONOMIQUE auquel s’ajoute une pratique effrénée de l’utilisation du béton coulé qui a fait basculer ce système d’économie circulaire parfaitement rodé depuis des millénaires vers une économie linéaire destructrice… en moins d’un siècle !
le béton coulé ne peut qu’être détruit en fin de vie et générer des gravats ; alors, oui il faut innover pour inventer des procédés, souvent énergivores et complexes chimiquement pour transformer les gravats en ressource nouvelle.
le problème essentiel vient du modèle économique de nos sociétés modernes. Étant fondé sur une croissance perpétuelle, elle-même assise sur la consommation exponentielle ; les opérateurs ont intérêt à ce que leur production soit périssable et jetable pour que seul l’acte d’achat soit renouvelable.
Aujourd’hui, l’économie circulaire s’évertue à mettre en place des plateformes et des filières de réemploi, mais si on ne change pas notre manière obsolescente de construire, ON CONTINUE DE CRÉER LE PROBLÈME QUE L’ON S’ACHARNE A RÉSOUDRE ; et dans 50 ans on rencontrera les mêmes difficultés à la fin de vie des bâtiments que l’on réalise aujourd’hui !
En moins d’un siècle, on a réduit à néant un modèle vertueux multi millénaire et ON EST PLONGÉ DANS UNE AMNÉSIE OU LE BON SENS DEVIENT UNE INNOVATION!! On le constate ici dans le secteur du bâtiment mais tous les domaines d’activités sont impactés (agriculture / manufacture…).
Est-ce que l’innovation ce ne serait pas déjà réinvestir ces pratiques… en les adaptant à notre temps ! Dorénavant, bâtissons frugal, low tech et réversible… si si, c’est l’avenir 😊!
Aline Maréchaux, Présidente