Vers le logement universel ?
Lors de la « Journée nationale d’échanges et de formation / Territoires : logement et autonomie » organisée par Médialis le 7 novembre dernier, Magali Vallet (conseillère à l’Union Sociale pour l’Habitat), a souligné la souplesse apportée par la loi ELAN quant à l’évolutivité des logements.
Cette fois-ci, le débat ne s’est pas cristallisé sur la polémique et la contestation qu’a soulevé cet article de loi, mais a très justement posé la question de « l’universalité » de l’adaptation d’un logement.
Est-ce que les caractéristiques d’un logement adapté sont les mêmes pour tous ?
En fonction de la fragilité de la personne et de ses pathologies, ses besoins seront très précisément les siens et ne pourront pas être généralisés. Imaginer un logement « standard » qui conviendrait à tous et à toutes les pathologies est une idée séduisante mais qui dans les faits est contreproductive. Par exemple la hauteur des interrupteurs et des prises dépendra des spécificités physiques de chaque personne. Une adaptation salvatrice pour une personne peut être discriminante pour une autre. La spécificité de chaque handicap (Alzheimer, cécité, mal de dos, Parkinson…) empêche la création d’une réponse unique, et ce d’autant plus que ces maux ne sont jamais stables mais eux-mêmes évoluent avec le temps.
Peut-il y avoir un « dénominateur commun » permettant d’avoir une intervention « universelle » qui pourrait alors être imposée au préalable à tous les logements ?
C’est « l’accessibilité » qui semblait être ce facteur clé pour les différents intervenants de ce tour de table. Une remarque a été faite sur la similitude des besoins des enfants en bas âge et les personnes âgées. Mais ici encore on se confronte aux limites de d’une réponse unique :
Baignoire pour le petit vs. douche pour le séniors ;
Grande salle de bains et couloirs pour les personnes en fauteuil vs. envie d’espace à vivre vaste pour les personnes valides…
Ce que je retiens de ces échanges c’est que :
Nos logements devraient pouvoir répondre précisément à nos besoins (ou envies) que l’on soit enfant, valide, seul, ou malade, âgé…, sans distinction
Nos logements doivent donc pouvoir évoluer selon les besoins aux différents moments de nos vies, puis être réversibles en cas de changement d’occupant (ce qui permettrait la revente d’un produit standard et non stigmatisé)
Il ne s’agit alors plus de discriminer telle ou telle population, mais bien de créer dès aujourd’hui une offre nouvelle de bâtiments : des logements qui puissent accueillir toute personne dignement et s’adapter, vers plus de sécurité et plus de liberté.
Donc 10% de logements « universellement adaptés » ce n’est finalement pas la question…il s’agit de savoir et pouvoir faire des logements « adaptables » :
La réponse doit évidemment être économique et environnementale. Le logement doit permettre des transformations « au fil des besoins » moins impactantes que les lourds travaux de « remise aux normes » actuels.
C’est le sens de l’histoire qui nous invite avec insistance à construire des bâtiments de qualité pour les personnes et qui prennent en compte les nouveaux enjeux de la construction de demain : ne plus créer de déchet ni être polluants pour l’environnement.
Aline Maréchaux